Une femme CRS accuse ses supérieurs de harcèlement, elle porte plainte

[Jose]

Une femme CRS accuse ses supérieurs de harcèlement, elle porte plainte

Après de nombreux signalements à sa hiérarchie restés sans suite, une femme CRS porte plainte contre ses supérieurs pour harcèlement. C'est une première en France. Le parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête.

Des insultes racistes, sexistes, et des gestes obscènes. Pendant des mois, entre 2011 et 2012,  Inès ( son prénom a été modifié), une CRS de 32 ans affirme avoir été victime de harcèlement de la part de ses supérieurs. Pour elle, qui est une des premières femmes intégrées sur le terrain, c'est la douche froide.  "Plusieurs fois, on m'a dit de dégager, que je n'avais rien à faire dans la police et encore moins chez les CRS", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "C'est un harcèlement quotidien avec des gens qui ne voulaient pas travailler avec moi. Parce que je suis une femme ? Ou parce que je suis d'origine maghrébine ?", s'interroge-t-elle encore.

« Une simulation de masturbation à proximité de mon visage »

Jusqu'à ce geste de trop, qui la décide à porter plainte il y a deux ans.  "Un jour en instruction, un de mes collègues m'a fait une simulation de masturbation à proximité de mon visage. J'en ai référé à ma hiérarchie et cela a été considéré comme une blague graveleuse". Voyant ses recours en interne laissés sans suite, la jeune femme décide de déposer plainte pour harcèlement. Le parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête.

« Un insigne nazi »

Dans son dossier, Inès a versé le témoignage d'un supérieur et de deux autres femmes CRS qui confirment les agissements de cet homme. Parmi les éléments de l'enquête, son casque a été saisi car il portait un insigne nazi. Pour sa défense, il évoque des mauvaises blagues. Aujourd'hui, Inès attend d'être mutée dans un commissariat pour pouvoir enfin exercer son métier de gardien de la paix. Elle s'inquiète en revanche pour le seul collègue masculin qui a dénoncé les faits avec elle et qui, lui, ne bénéficie d'aucune protection.

Des précédents chez les pompiers et dans l'Armée

Il y a plusieurs années, le corps des pompiers a également été touché par des scandales similaires. En 2010, la CGT dépose une plainte contre la direction après la tentative de suicide d’une pharmacienne des sapeurs-pompiers de Moselle. La jeune femme dénonce alors des mois de harcèlement. "Les filles recevaient des brimades, elles n'avaient pas droit de porter des strings ni des pantalons blancs. On allait fouiller dans leur vie privée quand elles prenaient un congé maladie", explique le responsable CGT à l'origine de la plainte. Le service a connu deux tentatives de suicide et sept plaintes pour harcèlement moral en un an. La direction affirme depuis avoir fait en sorte que les plaignants n’aient plus de lien avec les personnes mises en cause. La plainte est toujours en cours.

Plus récemment, en novembre 2014, la cour d'appel de Pau a condamné le numéro 2 du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) des Pyrénées-Atlantiques à huit mois de prison avec sursis pour avoir harcelé une femme qui dénonçait ses méthodes de management. Le colonel lui aurait fait des allusions sexuelles et l'aurait critiquée ouvertement auprès de ses supérieurs comme de ses subordonnés.