Essai Kawasaki Ninja 300 : la p'tite bombe !

[Jose]

Essai Kawasaki Ninja 300 : la p'tite bombe !

Pour 2013, la Kawasaki Ninja 300 tire un trait sur la 250 dont elle est issue. Si elle exhibe son look affuté ou encore son meilleur niveau d'équipement, la petite Kawa cache cependant bien sa nouvelle cylindrée ainsi que l'étendue de son champ d'action. C'est simple, elle sait quasiment tout faire. Contact avec la p'tite bombe....

Une vraie moto !

À bord, on s'attend à une position de conduite exclusive mais c'est tout l'inverse. La selle étroite et mesurée à 780 mm de hauteur, le réservoir échancré au niveau des cuisses et le guidon relevé de 65 mm au dessus du té supérieur de fourche procurent en effet une position plus naturelle que sportive mais surtout accessible à tous, des petits gabarits qui pourront poser les deux pieds au sol jusqu'aux plus grands pilotes qui ne se sentiront pas à l'étroit. Les commandes, bien que non réglables, tombent naturellement sous les mains et la finition est soignée si bien qu'aux commandes, l'impression générale de ? petite ? moto disparaît peu à peu au profit de ? vraie ? moto. Bref, la Ninja 300 est accueillante et ergonomique, au bémol près de sa selle peu épaisse et très ferme. Là, on entre dans le vif du sujet sportif, y compris bien sûr pour le passager. En plus de la position suggérée par le design, ce dernier devra composer avec un dessin de la coque arrière qui l'oblige à écarter les cuisses en permanence. Ninja, quoi...
Au démarrage, la sonorité du bicylindre est discrète et la montée dans les tours semble même timide jusqu'à 4 000 tr/min. Mais à l'usage, ce sont pourtant souplesse et douceur qui caractérisent le moteur. Douceur de l'embrayage, de la transmission et de la poignée de gaz, légèreté de direction, la Ninja 300 se prend ainsi en main en un rien de temps. Maniable et agile à basse vitesse, n'engageant pas, elle pourrait se sentir totalement à l'aise en ville si ses rétroviseurs ne tombaient pile à hauteur de ceux des automobiles. De plus, même réglés au mieux, ils obligent à plier les coudes pour ne renseigner que très moyennement sur ce qui se passe derrière.

Son élément ? La route

En ville, le surplus de cylindrée est immédiatement sensible. On enchaîne ainsi très vite le passage des vitesses d'une boite très douce pour y naviguer entre la quatrième et la cinquième, tant le bloc fait preuve de souplesse et de bonne volonté à la reprise. Mieux, il fait cela joyeusement. Vif, il ne fait pourtant que commencer à s'exprimer. Car s'il permet d'évoluer sur un filet de gaz à 45 km/h en sixième, soit 3 000 tr/min, c'est à partir de 5 000 tr/min et sur les rapports intermédiaires qu'il devient très intéressant.
De 4 000 à 7 500 tr/min, il se montre alors parfaitement adapté à un usage routier. Il dispose d'accélérations franches sur les rapports intermédiaires et ses ressources sont suffisantes pour la majorité des petites relances. Entre 110 et 130 km/h, soit 9 000 tr/min, il n'a aucun mal à suivre le rythme autoroutier alors même que nous sommes en duo et que mon passager porte un énorme sac à dos. Le moteur est d'autant plus à son aise qu'il n'est pas rare, à vitesse stabilisée, de voir le voyant Eco s'allumer au tableau de bord. Bref, en passant à 300 cm3, la p'tite Kawa gagne en agrément d'usage et augmente son endurance, ce qui lui permet finalement de se rapprocher des prestations routières offertes par certaines plus grosses motos. D'autant qu'il reste à découvrir le côté Ninja de la chose, c'est-à-dire aller chercher son bloc à 13 000 tr/min.

Petite (et encore) mais vigoureuse !

Mais avant cela, on profite de la protection. Bien que typée sportive, elle reste présente (buste, bas du casque) et en tous les cas supportable à ces vitesses cependant que le confort procuré par le châssis est réel : les kilomètres défilent et on remarque ainsi un comportement neutre, où la maniabilité est omniprésente et où la facilité d'utilisation prime. Merci les pneus étroits ! Côté confort, les divers trous, ralentisseurs et autres dégâts causés à la chaussée sont remarquablement absorbés. Les suspensions, orientées sport et en cela un peu fermes, filtrent néanmoins très bien les défauts de la route, ce qui compense l'absence de moelleux des selles, mais ce qui donne aussi de réelles aptitudes routières à cette nouvelle Ninja.
Enfin nous y voilà, entre 9 et 13 000 tr/min, régimes où le bloc donne tout ce qu'il a. Et il en a, le bougre, à commencer par cette façon soudaine et bien plus nerveuse de grimper dans les tours, sorte de petit effet ? deux temps ? très addictif et ô combien jouissif. En seconde, troisième et quatrième, c'est un réel bonheur à l'oreille que de le maintenir aux alentours de 11 500 tr/min, régime auquel ses vocalisent font parfois penser à la rage des 4 cylindres sportifs de la marque. Alors on continue à le faire grimper au rupteur, y compris en cinquième tandis que la vitesse approche des 160 km/h. Au passage de la sixième, il est temps de rentrer la tête dans la bulle pour accrocher plus de 180 km/h. Le compte-tours indique alors près de 12 000 tr/min et si la courbe de puissance a commencé à chuter il y a 500 tr/min, on parvient néanmoins encore à grappiller quelques kilomètres par heure. Quelle santé ! Là encore, la ? petite ? Ninja n'a rien à envier à quelques cylindrées plus importantes...

Vraie Ninja !

Sur le chapitre sportif, on découvre enfin une machine au comportement rigoureux et sain mais surtout dotée d'un châssis joueur, prévenant et parfaitement en phase avec les performances de sa mécanique. Tantôt facile et confortable, tantôt alerte et joueur, il encaisse sereinement les rythmes les plus soutenus. Les suspensions, sans aller jusqu'à offrir la rigueur d'éléments plus performants, se montrent toutefois vraiment très efficaces en conditions intensives : peu de balayages de la roue arrière au freinage (merci, aussi, l'embrayage anti-dribble), pas de talonnage de la fourche ni de sensation de blocage de la direction au freinage, la petite Kawasaki sait montrer les pneus à qui veut bien s'y frotter car elle tient de plus remarquablement bien la route. Une vraie Ninja, en somme ! On lui reprochera essentiellement un frein avant qui, sans jamais manquer de puissance, n'offre pas un mordant exceptionnel et devient spongieux en cas d'usage intensif. Le frein arrière est quant à lui facile à doser et assez puissant pour bloquer la roue sans appliquer un effort démesuré sur la pédale. Pour éviter cela, vous pourrez toujours opter pour la version ABS, mais il faudra alors ajouter 600 Euros supplémentaires aux 4 999 Euros nécessaires à l'acquisition de la moto.

conclusion

Le tarif de la Kawasaki Ninja 300 peut donc à première vue paraître élevé « pour une petite cylindrée ». Mais à y regarder de plus près, en considérant à la fois ses équipements, son haut niveau de performances et son degré de polyvalence, on s'aperçoit que la « petite » Kawa a changé de catégorie pour se rapprocher des prestations habituellement offertes par des motos de plus fortes cylindrées. Mieux, elle le fait avec une joie de vivre permanente, ce que certaines de ses concurrentes ont parfois oublié. Quel que soit le rythme choisi, la Ninja 300 vous mettra la banane sous le casque. Et si, avec la réforme prochaine du permis de conduire, il ne fait aucun doute que cette Ninja devrait séduire un grand nombre de jeunes motards, les plus aguerris d'entre nous pourraient aussi retrouver en elle l'essence même du plaisir qui les a conduit à pratiquer, aujourd'hui encore, le deux-roues. Avec cette Ninja 300, une vraie moto de moyenne cylindrée est née, valorisante, rigoureuse, aboutie, efficace, polyvalente, performante et surtout très marrante. Si bien que pour tenter de lui faire front, nous ne voyons guère d'autre choix pour ses concurrentes les plus directes (Honda CBR 250 R, Daelim Roadsport 250) que de conserver une politique commerciale des plus agressives...

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