Cannes 2013 : Eric Cantona : "La provoc pour la provoc, non merci !"

[Jose]

Cannes 2013 : Eric Cantona : "La provoc pour la provoc, non merci !"

INTERVIEW. Eric Cantona est présent au 66e Festival de Cannes pour défendre "Les rencontres d'Après-Minuit" de Yann Gonzalez, film-choc onirique et controversé présenté à La Semaine de La Critique dans lequel un couple et leur gouvernante travestie attendent des convives pour une orgie. De l'envie de défendre un cinéma-autre.

MYTF1NEWS : Comment êtes-vous arrivé dans "Les Rencontres d'Après-Minuit" ?

Eric Cantona : Le réalisateur Yann Gonzalez m'a contacté. Il m'a envoyé le scénario et ses courts métrages, tous magnifiques. L'histoire était belle, peut-être risquée selon la réalisation... Mais j'étais confiant car j'avais vu son travail auparavant. Son style est élégant, singulier, brillant. Du vrai cinéma d'auteur, dans le bon sens...

MYTF1NEWS : Après "Les Mouvements du bassin" d'HPG, vous défendez beaucoup le jeune cinéma d'auteur français...

E.C.: Je n'ai pas de plan de carrière. Je suis plutôt bon public lorsque je vais au cinéma et je fonctionne à l'instinct: quand je veux faire un film, je le fais et je l'assume. Je peux faire du cinéma populaire comme du cinéma d'auteur. J'essaye de faire ce qu'il me semble bon... On nous met tellement dans des cases... Pourquoi devrais-je uniquement faire des grosses productions ? Je refuse, ce n'est pas ma conception du cinéma... Ça dépend aussi des périodes, des envies, des moments... C'est comme la musique, je ne peux pas dire que j'aime un style de musique plus qu'un autre. C'est selon l'humeur. Et je suis très fier de ressortir enrichi de mes récentes expériences dans le cinéma d'auteur. Mais pas enrichi financièrement, c'est sûr...

MYTF1NEWS : Vous n'hésitez pas à vous mettre en danger...

E.C. : Je veux juste que le résultat, à l'arrivée, ne soit pas provocant ou bêtement voyeuriste... Faire de la provoc pour de la provoc, non merci ! Il faut que ça soit justifié par le parcours d'un personnage. En l'occurrence, le personnage que je joue [un homme surnommé "L'étalon" en raison de son sexe, hétéro ravagé par la mélancolie] m'intéresse lorsqu'il raconte son traumatisme. A 20 ans, j'ai fait une psychanalyse... Cet univers m'a toujours intéressé. Le monde que l'on voit et qui nous entoure est une chose. L'émotion que l'on a lorsque l'on observe certaines choses est liée à notre histoire. On ne reçoit pas tous la même chose au même moment. "Les rencontres d'après-minuit" m'a intéressé parce qu'il parle des rêves, du transfert, de la recherche de l'un parce que l'on vient de perdre l'autre. Et ça m'intéresse à condition que ça rentre dans une histoire et que ce soit plus visuel que littéraire. Sinon, on lit un livre, une thèse ou un essai.

MYTF1NEWS : Ce qui est encourageant pour un jeune cinéaste qui réalise son premier film, c'est d'avoir une personnalité comme vous qui accepte d'entrer dans son univers.

E.C.: Oui mais ses courts métrages étaient vraiment stupéfiants ! Très maîtrisés, très bien montés... J'étais très confiant. Je n'aurais sans doute pas accepté de jouer dans le film si je n'avais pas vu le travail de Yann avant : il fallait que la personne derrière la caméra soit fiable. Le court métrage reste un exercice, sur dix quinze minutes. Et le long métrage en est un autre. On se demande alors si ça va marcher sur une heure et demie. C'est le seul doute que je pouvais avoir pendant le tournage. Et à mon sens, ça tient parfaitement sur une heure et demie. Parce que Yann Gonzalez est très doué...

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